Evaluation différenciée au collège

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« Evaluations coup de pouce »

(mise à jour sept 2014)

Résumé :

Cette expérience propose une forme de différenciation des évaluations. Elle s’appuie sur une pratique connue, et diffusée notamment dans le guide proposé par le ministère « Repères pour la mise en place du socle commun », qui consiste à proposer des « coups de pouce » aux élèves qui en ont besoin au sein d’une activité menée sur une situation complexe.
Les auteurs proposent ici d’adapter cette pratique aux situations d’évaluation.
Ce dispositif a une influence favorable sur l’hétérogénéité et sur le climat de classe. L’expérience peut être reprise sans appréhension par tout enseignant qui le souhaite. Elle constitue une excellente porte d’entrée dans une pratique différenciée de l’évaluation mais également dans une analyse sur les compétences nécessaires aux élèves pour traiter les questions proposées.

Auteurs :

BALLEREAU Marie-Ange (collège La Bruyère Tours)FABAS Jean-Michel (collège Jean Monnet Châteauroux)
GILLOT Séverine (Collège Hubert Fillay, Bracieux)
GILOT Morgan (Collège Nicolas Robert, Vernouillet)
POIRET Dominique (Collège Jacques Prévert,Saint Jean le Blanc)

Avec la participation de :
SORIEUL Isabelle (Collège Condorcet, Levroux)

-I- DESCRIPTION

Classes concernées : tous les niveaux du collège : 8 classes 6ème, 6 classes de 5ème, 11 classes de 4ème, 14 classes de 3ème.

Période : à partir de décembre 2012

Mise en œuvre : Ce type d’évaluation n'est que le prolongement d'actions mises en œuvre dans la classe par l'enseignant. Elle induit quelques modifications sur les consignes lors de sa mise en place par rapport à une évaluation table « classique ».

Avant l’évaluation :

  • Préciser la signification des symboles coups de pouce qui seront présents dans l’évaluation.

Exemple 1 : M1 signifie : coup de pouce 1, portant sur la Méthode de résolution.
Exemple 2 : C2 signifie : coup de pouce 2, portant sur les Connaissances.

Remarque : la précision du type d'aide n'est pas toujours utile à l'élève mais il permet à l'enseignant de repérer plus facilement quelle aide lui est proposée. Ainsi on peut orienter les conseils pour y remédier (apprentissage du cours, entraînement technique,...).

  • Préciser que l’utilisation du coup de pouce en cas de blocage ne peut être que valorisante :

Premier cas : L'utilisation du coup de pouce ne permet pas à l'élève de poursuivre. Cela revient à une évaluation normale sans utilisation de coup de pouce. Les points de cette question ne sont pas donnés.

Deuxième cas : L'utilisation du coup de pouce permet à l'élève de poursuivre son évaluation dans la suite de l'évaluation.

- L'élève et le professeur peuvent alors identifier plus précisément le niveau de maîtrise de l'élément bloquant.

- L'élève poursuit son évaluation et peut ainsi montrer qu'il maîtrise certaines connaissances, capacités ou attitudes dans la suite de l'évaluation.

- Si l'évaluation est chiffrée, cela lui permet d'avoir une partie des points de la question .

- Pour encourager le dispositif, le premier coup de pouce peut ne pas avoir d’incidence sur les résultats chiffrés. Ceci réduit le stress de certains élèves : « c’est le droit à l’erreur ponctuelle »

- Il est possible d'envisager que l’utilisation du coup de pouce n’ait jamais d’incidence sur les résultats chiffrés étant donné que l'élève est déjà pénalisé par la perte de temps du à ses recherches infructueuses. C’est un contrat à bien définir avec les élèves pour ne pas créer un sentiment d’injustice qui n'a pas lieu d'être. Il sous-entend que la notion de compétence est bien installée dans la classe.

Préciser le moyen permettant d’obtenir le coup de pouce pendant l’évaluation :

Exemple 1 : en silence, l'élève lève la main en indiquant le numéro du coup de pouce. Le Professeur se déplace pour l' apporter.

Exemple 2 : L’élève vient chercher, en silence, le coup de pouce au bureau du professeur.

Exemple 3 : l’élève lève la main et le professeur vient apporter à l’oral et/ ou à l’écrit sur la copie l’aide adaptée à la situation. Cette dernière possibilité permet de proposer plus de coups de pouce. La trace écrite sur la copie permet lors de la correction de bien identifier les compétences mises en jeu par l’élève. 

  • Préciser qu’avant de demander un coup de pouce, l’élève doit écrire tout ce qu’il pense savoir sur l’exercice, afin d’éviter le « mais ça je le savais déjà » au moment de la découverte du coup de pouce.

  • Préparer les coups de pouce sur papier, voire à oral

Pendant l’évaluation :

  • Être disponible pour assurer la distribution des coups de pouce.

  • Il est intéressant de faire coller le coup de pouce immédiatement ou de noter sur la copie de l'élève à quel moment l'aide lui a été apportée.

  • Pour les élèves en grande difficulté, souvent gênés de demander plusieurs aides, il est souvent intéressant de passer les voir pendant l’évaluation et de leur proposer un ou plusieurs coups de pouce, selon les besoins.

Après l’évaluation :

Les coups de pouce peuvent servir de base lors de la correction:
par exemple  une correction en groupe homogène, en fonction de la réussite au devoir. En début d’année les élèves en difficulté prendront davantage conscience de l'aide que peuvent leur apporter les coups de pouce

-II- DOCUMENTS

Des exemples :

  • Arithmétique 3ème

  • Puissance 4ème

  • Proportionnalité 5ème /4ème

  • Enchaînement d’opération 5ème

  • Espace 4ème /3ème

  • Calcul littéral 4ème

-III- RETOUR D’EXPERIENCE

Difficultés de mise en œuvre pour l’enseignant :

  • Avant l’évaluation, il est indispensable de bien s’assurer de la compréhension par les élèves de l’intérêt des coups de pouce. En effet, ils permettent de ne pas rester bloqué sur une question, de pouvoir éventuellement poursuivre et ainsi montrer le maximum de ses compétences avec un gain indiscutable pour tous.

  • Le choix du type d’aide, son niveau ainsi que son emplacement dans le devoir doivent conduire à une réflexion supplémentaire. L'objectif est de permettre un gain d’informations sur les compétences des élèves. L’analyse a priori est donc plus importante, elle doit être plus fine (bien analyser les difficultés éventuelles des élèves) . Quelles informations conserver ? Quelle est l’information obtenue en cas d’utilisation de l’aide ? A quel niveau d’exigence placer l’aide à apporter ? L'aide débloquera-t-elle vraiment l'élève ? Sera-t-elle utile ? Est-elle compréhensible par un élève en difficulté ?

Ainsi on peut proposer comme type d’aide :

Aide sur la compréhension d’énoncé : elle limite en général la quantité d’informations ou les rend plus explicites avec un choix de vocabulaire faisant appel à moins de connaissances. 

Aide sur les connaissances : formule, vocabulaire mathématique, réponse partielle (QCM) ou une réponse totale (pour poursuivre l’exercice),...

Aide sur les capacités : méthode de calculs, construction de raisonnement, exercice de substitution avec des variables didactiques plus simples… Ces aides peuvent contenir plusieurs méthodes afin de laisser de la latitude à l’élève dans sa résolution.

Exercice au choix permettant au professeur une prise d’information sur les compétences de l'élève mais dans un cadre différent. 

  • La formulation du coup de pouce est un élément de réflexion important :

Il peut faire référence à des productions réalisées en classe afin que l'élève raisonne de manière analogue, mais il ne doit pas être une redite d'un élément du cours. L'élève qui n'a pas compris une notion en classe a peu de chance de la comprendre lors d'une évaluation si cette dernière est formuler de la même façon.

Dans tous les cas la reformulation a un objectif de formation. Afin de mieux comprendre comment construire un coup de pouce, des exemples détaillés, abordant ces difficultés, sont proposés en annexe (voir paragraphe II documents).

Difficultés de mise en œuvre pour les élèves :

  • Leur plus grande difficulté est de prendre l’initiative de faire appel à cette aide. Le regard des camarades, la timidité sont des freins possibles, en particulier pour les élèves qui souhaitent cumuler les aides.(voir le paragraphe « pendant l’évaluation »)

  • L’organisation dans le devoir est un point de plus à gérer : doivent-ils faire appel aux aides au moment où ils rencontrent la difficulté ou doivent-ils faire le maximum et revenir sur leurs difficultés à la fin ? Tout est possible et dépend de l’élève.

  • Tous les choix, que ce soit faire appel à une aide ou choisir de traiter tel ou tel exercice prend du temps. Il faut en tenir compte en construisant les évaluations.

Ressenti des élèves :

Le dispositif étant un plus,  ne « coûtant » rien et pouvant « rapporter »,  il est fortement plébiscité. Cependant sur les premiers tests les élèves en grandes difficultés préféraient des dispositifs du type explorateur, savant, expert (voir document évaluation différenciée explorateur, savant, expert). Il semble que le fait de devoir réclamer souvent de l’aide soit un frein. (voir le paragraphe « pendant l’évaluation ») pour y remédier.

Ce dispositif permet à l’élève de montrer qu’il sait faire plus de choses.

Réactions des parents :

Aucune demande de précision n’a été formulée par les parents. Le dispositif est même très bien accueilli. Cependant les professeurs ayant testé ce dispositif ont souvent déjà travaillé sur des évaluations différentiées.

Réactions de la direction de l’établissement :

La direction de l'établissement est informée et soutient le dispositif.

Réactions des collègues :

Le dispositif attire l’attention des autres collègues qu'ils soient de la discipline ou non, les intérêts étant rapidement visibles. Cependant, le fait que la mise en œuvre de ce dispositif demande une plus grande réflexion sur le choix des exercices est un frein pour certains collègues.

-IV- ANALYSES DE L’ENSEIGNANT

Effets sur la motivation et la mobilisation des élèves :

Il est clair que quelque soit le dispositif différencié, il crée une mobilisation plus importante :  pas ou peu de copies blanches, sentiment de se sentir écouté,  plus d’échanges lors de la correction.

Il motive les élèves en difficultés qui se sentent moins seuls face à l’évaluation. Cependant cela n’a pas effacé l’effet stress de certains élèves. 

Les élèves qui n’ont pas de difficulté particulière accueillent le dispositif favorablement car il ne les pénalise pas et dans le cas d’une faiblesse pourront y faire appel.

Effets sur les résultats dans la discipline :

  • Le travail sur la conception des coups de pouce est très formateur pour l’enseignant. 

  • L'enseignant obtient une connaissance plus fine sur les difficultés des élèves et donc une remédiation et une correction plus orientées. Les résultats sont forcément meilleurs ou équivalents.

  • L’analyse entre les demandes d’aides et leur efficacité à résoudre le problème de blocage permet d’envisager les aides ultérieures, de retravailler les formulations  et ainsi de confirmer ou d'infirmer le regard porté sur les compétences des élèves. 

Effets sur les objectifs transversaux du socle commun (compétence 7 notamment) :

La connaissance par les élèves de leurs points forts et de leurs points faibles est améliorée. Il en est de même de la prise d’initiative : «  dois-je faire appel à l’aide ou pas ? »

Effets sur le climat de classe :

Ce dispositif fait partie d’un ensemble, il est donc difficile d'évaluer précisément l'effet de ce seul dispositif sur le climat de classe. Les discussions, plus productives lors des corrections, permettent des échanges plus intéressants  et favorisent la relation prof/élève.  

V CONCLUSION

Aspects positifs :

  • Le dispositif ouvre beaucoup de possibilités d’aide et ne peut en aucun cas impacter de façon négative les résultats, qu’ils soient chiffrés ou non.

  • L’évaluation, elle-même est formatrice pour l’élève : la connaissance de ses points forts, prise d’initiative.

  • Le temps de correction des copies n’est pas impacté.

  • Les coups de pouce peuvent aussi être utilisés pendant la correction en classe, ils permettent aux élèves d’en comprendre l’utilité et d’être plus autonomes.

  • Les coups de pouce engagent l’élève vers une évolution à un moment où sa concentration est forte.

  • L’élève sait qu’il va avoir à sa disposition des aides de différentes formes.

  • Ce dispositif est très formatif pour l’enseignant car il impose un questionnement important.

  • Il lui permet également de mieux connaître les compétences de ses élèves.

  • Suite au dispositif explorateur, savant expert, nous avons évolué vers ce dispositif car il nous semble plus souple aussi bien pour le professeur que pour les élèves :

Le nombre d'aides n'est plus fixé : 8 points pour le sujet explorateur.

La préparation de l’évaluation est simplifiée.

L’élève n’a pas à se positionner dès le départ.

Il n’utilise que les aides qui lui semblent utiles.

Aspects négatifs :

  • La passation de l'évaluation demande un peu plus de temps à l’élève.

  • La préparation du sujet est plus longue.

  • L’enseignant doit rester disponible pendant l’évaluation.

  • La conception des coups de pouce demande un peu d’apprentissage.

Évolutions possibles ou souhaitables :

On peut utiliser ce principe lors d’autres phases d’apprentissages comme lors de tâches complexes  où ce fonctionnement est totalement adapté.

Possibilités de généralisation : L’insertion dans un dispositif existant ne posant pas de problème particulier, la généralisation peut être très rapide.

Suites envisagées :

Poursuivre le dispositif pour déterminer sur quel profil d’élèves le dispositif serait peu performant et le modifier en conséquence.

Poursuivre la comparaison entre ce dispositif et le dispositif explorateur, savant, expert au niveau de la préparation, du ressenti élève et professeur ainsi que la qualité de la prise d’information.

COMMENTAIRE DE L’INSPECTION

Cette expérience propose une forme de différenciation des évaluations. Elle part d’une pratique connue, et diffusée notamment dans le guide proposé par le ministère « Repères pour la mise en place du socle commun », qui consiste à proposer des « coups de pouce » aux élèves qui en ont besoin au sein d’une activité menée sur une situation complexe. Les auteurs proposent ici d’adapter cette pratique aux situations d’évaluation. 

Cette proposition nécessite une préparation et une réflexion supplémentaires de la part de l’enseignant qui doit concevoir les « coups de pouce » avec une pertinence nécessitant une certaine expertise. En retour, il gagne significativement en connaissance professionnelle de ses élèves et de la conception de textes d’évaluation. 

Cette forme de différenciation des évaluations n’est pas la seule possible et les auteurs en évoquent une autre, plus radicale et plus lourde, qui consiste à proposer des sujets différents aux élèves (expérience « explorateurs-savants-experts »). Ce dispositif des « coups de pouce » apparaît cependant moins lourd pour l'enseignant dans la conception de l'évaluation.  

L'effet sur chaque élève étant ici soit neutre soit positif avec une influence favorable sur l’hétérogénéité et sur le climat de classe, l’expérience peut être reprise sans appréhension par tout enseignant qui le souhaite : dans le pire des cas elle n’aura pas d’effet. Elle constitue donc une excellente porte d’entrée dans une pratique différenciée de l’évaluation mais également dans une analyse sur les compétences nécessaires aux élèves pour traiter les questions proposées.

Documents

Annexe 1

exemples de coup de pouce (pdf ou docx)

Annexe 2
exemples de sujets expert-savant-explorateur (pdf ou docx)

Annexe 3
diaporama « résultat sondage élèves »